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Blog du Maire du Gué d'Alleré

samedi 27 novembre 2010

Congrès national des Maires de France





Le 93ème Congrès de l'AMF a eu lieu du 23 au 25 novembre 2010,

J'y étais et voici les principaux discours

LE THÈME: QUEL ROLE ET QUELS MOYENS

POUR LES COMMUNES ET LEURS INTERCOMMUNALITÉS ?

Mardi 23 novembre. Séance solennelle d’ouverture
Intervention de Monsieur Nicolas SARKOZY, président de la République
Mesdames et Messieurs
Si vous me le permettez, je vais parler de la tribune, bien entouré que je suis par Jacques PELISSARD, votre président, André LAIGNEL et Bertrand DELANOE, avec nos deux collègues, membres du bureau, et vos invités.
Je vais vous parler très franchement, très librement, comme il se doit devant une
assemblée de gens responsables. Parce que si vous êtes des maires, vous êtes des gens
responsables, ce qui signifie très précisément que dans chacune de vos journées, au cours de
vos mandats, vous devez dire plus souvent non que oui.
La première définition du responsable, c’est que c'est à lui qu'il revient de dire non.
La première définition de l’irresponsable, c'est qu’il lui revient d'aligner les oui.
Un maire, devant les innombrables demandes de ses adjoints, dit plus souvent non que oui ;
devant les innombrables demandes contradictoires de ses administrés, il répond
beaucoup plus souvent non que oui. Et pourtant, et pourtant...
Bertrand DELANOE a parlé de respect. On respecte davantage celui qui a le courage de
dire non que celui qui, pour des mauvaises raisons, a la lâcheté d'égrainer les oui de
complaisance. Je voudrais vraiment m'adresser à vous de la façon la plus sérieuse et la plus profonde. Je pourrais signer le discours de Bertrand DELANOE. Il me permettra juste un codicille. Kofi ANNAN dit : « Les problèmes sont mondiaux, les solutions sont locales ». J'ai une exception : je crois en la Nation, je crois en l’Etat et je crois que ce serait une grave erreur d'imaginer qu'entre la mondialisation et la commune, la nation n'existe pas.
L'Etat national est une idée moderne. Je suis sûr que Bertrand DELANOE partage cet avis mais cela méritait d'être précisé, parce que trop nombreux sont les spécialistes, les mêmes qui nous
expliquaient hier qu'il y avait trop de communes, qu'il fallait les regrouper, sont aujourd’hui ceux qui nous expliquent qu'il y a trop de nations et qu'il faut également les regrouper. La réalité
nationale, l'idée nationale n'est pas contraire à la mondialisation et n’est pas contraire aux terroirs locaux. Je voudrais faire une remarque globale, puis essayer de répondre sur tous les sujets précis et argumentés qu'a évoqués votre président, Jacques PELISSARD.
Vous avez choisi l'avenir comme thème de votre congrès, au fond, si j'ai bien compris : demain, quel sera notre rôle et quels seront nos moyens ? Vous avez raison. Mais c'est une question qui se pose aussi pour la France : quel sera son rôle ? Quelle sera sa place ? Et quels seront ses
moyens ? Ne jamais sacrifier l'avenir au présent : comment faire pour que la France reste la France, dans un monde qui bouge à une vitesse stupéfiante, colossale ? Il y a un siècle, la France faisait partie du peloton de tête des nations qui comptaient. Elle avait deux ou trois concurrents et c'était terminé. Aujourd'hui, toutes les décennies, nous voyons arriver des concurrents, des nations qui travaillent plus que nous, des nations qui travaillent mieux que nous, des nations qui n'ont rien à nous envier en termes de technologie et de qualité de formation de leurs citoyens.
C'est cela, le nouveau contexte. Et cela concerne les maires comme n'importe quel autre citoyen.
Lorsque les Présidents de la République venaient dans vos congrès, ils venaient, assurés
d'une France qui comptait parmi les grandes nations du monde parce que c'était une donnée.
Aujourd'hui, une nation compte quand elle mérite, quand elle s'adapte, quand elle se modernise, quand elle change ses habitudes, quand elle a l'audace de l'innovation. Or, cette question qui vous est posée dans chacune de vos communes, elle est posée dans l'addition de toutes les communes qui fait la France et un peu plus. Car la France, c’est toutes vos communes et un peu davantage.
Or, quelle est la caractéristique de notre pays depuis trente ans ? C'est assez simple, et je suis bien d'accord avec vous : toutes majorités confondues, quand les choix étaient trop difficiles, quand les réformes étaient trop conflictuelles, quand la rue s'exprimait pour des raisons souvent bonnes et souvent compréhensibles, on décidait soit de reculer, soit de renvoyer à plus tard,
après l'élection. Problème : il y a des élections chaque année. On diffère, on diffère… Et le rendez-vous est plus douloureux parce qu'à force de refuser de sauter l'obstacle, il devient de plus en plus important. Ce n'est pas une question de gauche ou de droite, d’opposition ou de majorité ; c'est une question de lucidité. Nous avons, chacun d'entre nous, la responsabilité de l’avenir de notre pays, les uns à Paris, les autres dans un village rural et moi pour la France, dans le cadre du mandat qui est le mien. Dans quel état laisserons-nous le pays ? Que laisserons-nous à l'histoire ? Qu’aurons-nous apporté comme changement qui aura fait progresser notre région, notre département, nos communes ou notre pays ? C'est la seule question qui compte.
Et naturellement, mon cher Jacques, les vraies réformes, les grandes réformes, sont forcément
douloureuses et difficiles. Sinon, elles auraient été faites. Puis-je prendre un ou deux exemples ? Je répondrai à toutes les questions techniques mais je veux mettre cela dans le contexte. Quand le général de Gaulle promeut la décolonisation, les plus anciens parmi nous s’en souviennent peut-être, plus un seul dîner n'allait jusqu'au bout. Les gens s'insultaient... cette idée aujourd’hui acceptée par tout le monde, qu'il fallait rendre la liberté à ses peuples, était une
idée profondément conflictuelle lorsque le général de Gaulle l’a voulue. Prenons un autre exemple tout à fait différent. Quand François MITTERAND, courageusement, dès avant l'élection présidentielle, a décidé qu'il fallait en finir avec la peine de mort quelle bagarre, même s'il se trouvait de l’autre côté de l’échiquier quelques-uns – dont était le président CHIRAC et dont j’étais – qui étaient abolitionnistes ! Mais que nous disait-on à l'époque ? « Vous n'y pensez pas ! La peine de mort, les Français la souhaitent ! » Et pourtant, il l’a fait. Et cela reste dans le mandat de François MITTERAND, incontestablement, que l’on soit de gauche ou de droite,
comme un moment incontournable. Et lorsque Valéry GISCARD d’ESTAING et Simone
VEIL ont eu le courage d’affronter toute une partie de leur majorité sur la question si difficile, si
douloureuse, des femmes, de la maîtrise de leur sexualité, de leurs grossesses, et qu'il y a eu la
première loi sur l’IVG, cela s'est passé dans quel climat, dans quelles oppositions, dans quelles
intolérances ? Ainsi va la France. Il n'existe pas de grande réforme sans qu'il y ait de grands débats et de grandes oppositions. Et puis une fois que la réforme est faite, les choses se calment comme par miracle, comme si le pays reprenait son calme, son souffle, comme si chacun, à son tour, réfléchissait. Je prends la question des retraites, pour nous, difficile, douloureuse, complexe, bien sûr. Mais vous savez… Non, non… Que des applaudissements ne répondent pas aux sifflets. On se passe des deux parce que tout simplement ce n’est pas parce qu’on siffle qu'on paiera les retraites et que ce n'est pas parce qu’on applaudit que les gens seront contents, au
fond. Simplement, je me suis trouvé dans une situation où 1,5 million de retraités n'avaient pas
leur retraite payée. Cette réalité, on peut la contester et pourtant elle est incontestable.
Donc à chaque moment, à chaque étape, chacun d’entre nous est confronté à cela. Dans vos communes, au cours des 25 dernières années, notre industrie a perdu un demi-million d'emplois. On continue ? Ou on trouve les moyens de s'en sortir ? Je sais bien que, lorsqu'on a réformé la taxe professionnelle, cela a suscité des inquiétudes y compris chez mes propres amis, y compris à
l'intérieur de notre propre majorité. Comment en serait-il autrement ? Et pourtant pouvions-nous conserver en l'état une taxe professionnelle qui n’existait plus dans aucun pays d’Europe ?
Pouvions-nous continuer à dire aux industriels « Continuez à produire en France, vous en serez ''récompensés'' par la taxe professionnelle, alors que si vous produisez dans un pays frontalier, il n'y aura plus de taxe professionnelle ? » Pouvons-nous continuer à avoir cette véritable
subvention à la délocalisation qui portait en germe la mort de la taxe professionnelle, puisque le jour où il n’y aura plus d’usine, il n’y aura plus d'assiette, il n’y aura plus de recettes pour les collectivités locales ? Il fallait bien faire quelque chose. On ne pouvait pas continuer
comme cela. Au cours d'un débat animé et fort avec vous, nous avons trouvé la solution : le gouvernement s'est engagé à vous garantir les recettes, c'est le moins qu'il pouvait faire. Et finalement les recettes de taxe professionnelle sont supérieures de 1,1 milliard d’euros à ce que
nous avions promis. Nous nous étions engagés à ce que le nouvel impôt soit assis sur une base dynamique : il a comme assiette la valeur ajoutée. Qui peut contester que c'est une base
dynamique ?Et comment pouvons-nous continuer ? Savez-vous qu'en France, pays où l'industrie
automobile représente 10 % des emplois de la population active – sur 21 millions d'actifs, 2,1
millions travaillent dans l'automobile – la taxe professionnelle pèse 250 euros sur chaque voiture
produite ? Etait-il raisonnable de continuer ? De fermer les yeux ? J'aurais dû me dire sans doute « Attendons que le congrès des maires soit passé pour faire la réforme » ; et en attendant, combien d'usines fermées dans vos communes, combien de territoires désertés par l'industrie ?
Je suis convaincu que la France doit rester une terre de production, que le mot « industrie » n'est pas un gros mot, et que le jour où l'industrie s'en va, c'est le début du départ des services.
Tout cela nous a amené à faire des réformes qui vous ont inquiétés, qui vous ont fait mal, qui ont
posé problème. Rappelons-nous : réforme de la carte judiciaire ; les protestations, que je peux comprendre ; le sentiment de telle ville d’être décapitée parce qu’elle perd son tribunal d’instance ou son tribunal de grande instance. Mais moi, quand je regardais la carte, je voyais un
tribunal de grande instance à 18 kilomètres d'un autre tribunal. Je voyais certains départements
avec trois tribunaux de grande instance, chacun avec sa propre politique pénale. Pouvait-on continuer ainsi, avec une carte n’ayant pas bougé depuis 1958 ? La carte militaire, qui a fait tellement fait souffrir l'Est de la France, je m'en excuse. Mais enfin, mes chers amis, mes chers concitoyens, mesdames et messieurs les maires, peut-on garder la même carte territoriale qu’à l'époque où nous avions la conscription et 350 000 soldats de plus ? Pouvons nous garder 52 bases aériennes, dont 18 n'avaient plus d'avions depuis plus de vingt ans ? Peut-on garder 52 bases aériennes dans un pays qu'on traverse en vingt minutes avec un Mirage 2000-5 ? Et est-ce que l’avenir de grandes métropoles comme Metz ou de grands départements comme la
Moselle, cher Gérard LONGUET, est-ce que l’avenir, c’est uniquement de garder des bases,
même celles dont on n'a pas besoin ? Nous avons dû faire cette réforme. Les hôpitaux : je dirai un mot de la santé. Je me suis trouvé dans une situation très simple : 69 % des hôpitaux de France étaient en déficit, le budget de l’assurance maladie augmentait de plus de 3 % chaque année. On continue comme cela ? Avec la demande de sécurité médicale ? Avec le souhait bien légitime des patients de ne plus souffrir ? A l'époque où je suis né – qui n’était pas le Moyen-Âge – la péridurale n’existait pas. Allez maintenant expliquer à une jeune mère de famille qu'elle n'a pas un droit absolu, ce qui est tout à fait normal, à la péridurale ! Est-ce que je peux laisser les deux tiers des hôpitaux de France en déficit ? Pensez-vous que vos concitoyens, dans vos
communes, ont envie de se trouver dans la situation de la Grèce, de l'Irlande ou d'autres pays ?
Est-ce que vous pensez que tous ceux qui sont attachés au service public – je le suis et j'en
parlerai – considèrent comme normal que notre pays connaisse un tel déficit, un tel niveau de
dépenses, un tel niveau d'impôts ? Et pensezvous qu'ils nous féliciteraient si nous étions obligés de faire la quête sur les marchés internationaux ? Si notre note était dégradée, comme la note
d’un certain nombre de pays européens aujourd'hui, comment pensez-vous que je serais accueilli au congrès des maires ? Et nous tous, qui aimons la France, ne sommes nous pas légitimement rassurés de voir qu'il y a deux pays solides en Europe, l'Allemagne et la France ? Et qui peut me reprocher de vouloir que la France prenne exemple sur la magnifique réussite économique et en matière d'exportation de l’Allemagne ? Tout cela, nous l'avons fait. Cela vous a inquiété. Cela vous a posé des problèmes. Et nous l'avons fait en trois ans et demi. Mais j'aurais tellement aimé éviter tout cela. La réforme judiciaire, la réforme militaire, la réforme hospitalière sont derrière nous. Et nous en arrivons à la réforme des collectivités locales. Qu'essayons-nous de faire ?
Trouver des marges de manoeuvre pour augmenter le potentiel d'investissement de la France, en évitant à toute force d'augmenter ses dépenses de fonctionnement : le problème des finances
publiques françaises se réduit à cette simple phrase. Au cours des trente années passées, nous n'avons pas eu le courage de couper dans les dépenses de fonctionnement. C’est tellement plus facile de couper dans les dépenses d'investissement ! Nous avons accumulé les dépenses : 1 million d'emplois publics supplémentaires entre 1992 et 2007. Mais ce million d'emplois publics, mesdames et messieurs les maires, cela se paye avec des dépenses publiques, donc des impôts publics, donc avec un problème de compétitivité pour l'économie française, donc un problème de destruction d'emplois, et donc un problème d'augmentation du nombre de chômeurs. S’agissant de notre organisation territoriale, en préparant cette réunion, enfin, en y réfléchissant, si
vous me le permettez, je relisais le discours que prononçait François MITTERAND en 1994
devant votre assemblée, je le cite : « Nous devons être capables à la fois de créer les structures qui permettent de bien travailler dans une économie moderne mais aussi de garder la personnalité et l’identité de chaque corps vivant de ce qui fait la France et de ce qui doit continuer de faire la France ». Je peux signer. Mais quel est le problème ? Non seulement nous
sommes le pays d'Europe qui a le nombre le plus important de niveaux d'administration mais, en plus, nous sommes dans cette situation que tous ont la compétence générale : commune,
compétence générale ; département, compétence générale ; région, compétence générale ; Etat, compétence générale ; Europe, qui a vocation à avoir de plus en plus de compétences... et j'omets les intercommunalités, les pays ou autres. Qui peut contester que plus personne ne comprenait rien à notre système ? Qui peut contester que pour les maires, notamment ceux qui n'ont pas la chance d'avoir de nombreux collaborateurs, je pense aux petites communes, il devenait difficile de comprendre comment on devait déposer un dossier, où cela se décidait, qui le finançait et comment cela fonctionnait ? Depuis trente ans, chacun considère que notre système est épouvantablement complexe, qu’il entraîne des déperditions d'énergie considérables. Les grandes lois de décentralisation de M. DEFERRE et de M. MITTERAND de 1982 ont fait faire un progrès formidable à la France qui avait tendance à être trop centralisée, mais toutes ces lois se sont accumulées les unes sur les autres sans qu'à aucun moment, on prenne la peine d’essayer d'y voir un peu plus clair dans cet écheveau d'organisation tellement complexe. Je n'ai jamais été de ceux qui pensaient qu'il y avait trop de communes parce que ces 36 500 communes, c’est 500 000 conseillers municipaux, et c’est peut-être aussi pour cela qu'il fait meilleur vivre en France que dans d'autres pays. Nous avons autant de communes que tous les autres pays d’Europe mais il y a un savoir-vivre à la française qui est aussi la conséquence, l’héritage d'une démocratie locale extrêmement vivante. Mais dans le même temps, nous avons promis l'intercommunalité, disant que cela allait arranger les choses. Savez-vous qu'aujourd'hui nous avons 15 600 syndicats intercommunaux, 2 600 EPCI à fiscalité propre, 371 pays, en plus des régions, des départements et de l’Etat, en plus des 36 500 communes, en plus de l'Europe. Pensez-vous qu'il n’y a pas de déperdition d'énergie et de financements ? Est-ce que vous croyez que nos compatriotes, quand ils voient notre organisation, se disent « surtout, il ne faut rien toucher, cela fonctionne tellement bien » ? Pendant les dix dernières années, les effectifs des établissements de coopération à
fiscalité propre ont augmenté de 64 %. Dans le même temps, les effectifs des communes ont
augmenté de 3 %. Et nous avions tous dit aux Français : « Vous verrez, on fait
l'intercommunalité et il y aura des économies d'échelle ». A un moment ou à un autre, il faut
regarder la situation. Bien loin de moi l’idée de dire que c'est la faute des uns ou la faute des autres. C'est la réalité de notre pays. Elle est incontestable, elle est incontournable.
Alors, face à cela, il y a toujours deux formules. Il y a la formule technocratique qui consiste à dire : « Il y a trop de communes, on supprime et puis vous n'avez qu'à choisir, vous, les Politiques ». Comme c’est commode de parler des Politiques quand on ne s’est jamais présenté à une élection. Comme c’est commode de critiquer les Politiques quand on n’a jamais affronté le suffrage universel. Comme c'est commode de dire, quand on est un « expert » entre guillemets « il n’y a qu’à », « il faut que », « il faudrait que », « et pourquoi vous ne faites pas ». Comme c'est commode de faire des dessins sur une page blanche quand nous, nous avons à manier la réalité, c'est-à-dire une France qui n'est pas une page blanche ! Il y a ceux qui m’ont dit : « Choisissez ! Supprimez les départements ou supprimez les régions ». Pour les uns, les régions n'avaient pas de légitimité ; pour les autres, les départements n'avaient plus la superficie. Je n'ai pas voulu de ce choix. Nous en avons discuté. J’ai pensé que les départements avaient la légitimité historique et que les régions avaient une légitimité économique. On peut argumenter pour savoir si elles sont trop petites, s’il ne faudrait pas les rassembler. C’est un autre sujet. Ce que nous avons essayé de faire, c’est de jouer la complémentarité région / département. Et cela complique les choses parce que les Français sont extrêmement attachés à la structure cantonale. Je veux dire à la structure territoriale. Donc nous avons inventé un nouvel élu, le conseiller territorial, qui sera, au fond, le rapprochement du conseiller général et du conseiller régional. Il a des racines territoriales, et je pense que l'immense majorité des élus était très attachée au maintien du cap territorial, notamment en ruralité. C’est bien beau, quand on est élu de la ville, de contester le maillage territorial, mais pour un élu de la ruralité, si on tue le lien territorial, on tue les ruraux qui n'auront plus les représentants auxquels ils aspirent, qui n’auront plus le contact auquel ils
aspirent. Donc le conseiller territorial restera dans un cadre cantonal. C'est d'autant plus facile que le Conseil constitutionnel nous a demandé de refondre la carte des conseillers généraux.
Et nous aurons les mêmes élus qui géreront le département et qui géreront la région. Prenez l’exemple des collèges et des régions. C'est quand même extraordinaire. C’est une assemblée – le département – qui gère les collèges. C’est une assemblée – la région – qui gère le lycée. Et quand c’est collège et lycée, il faut négocier une convention pour savoir qui abandonne sa compétence au profit de l'autre. Désormais, ce seront les mêmes élus qui porteront cette responsabilité.
Ce qui est normal, ce qui ne me choque pas, ce sont les craintes que cela a suscité : pour les uns, on supprimait les régions. Pour les autres, on supprimait les départements. Il faut savoir : c’est soit l'un, soit l'autre, mais cela ne peut pas être les deux. Ensuite, il y a eu le problème de la compétence générale. Naturellement, si une assemblée a la compétence générale, les élus sont soumis à la pression de leurs administrés. Quand vous donnez la compétence générale au
département ou à la région, tout groupe de pression est en situation, ce qui est parfaitement
normal, de lui demander quantité de subventions sur tous les sujets puisque il / elle a
compétence sur tout. Tenez-vous bien : entre départements et régions, il y a 20 milliards de dépenses sur les mêmes domaines. On fera la répartition des compétences en gardant un lot commun parce que les petites communes rurales sont si petites qu'elles ont besoin de financements croisés, parce que le sport et la culture avaient besoin d'être rassurés sur la possibilité de continuer à financer. Mais franchement, je crois qu’avec cette réforme, nous sommes arrivés à un équilibre. Nous verrons comment elle va vivre. Je tiens beaucoup à deux autres idées. La première, c’est que ce n'est pas forcé que toutes les régions et tous les
départements avec le conseiller territorial soient organisés de la même manière.
Il faut arrêter en France de confondre égalité avec égalitarisme et unité avec uniformité. Nos régions ne sont pas les mêmes, nos départements ne sont pas les mêmes. Nous devons pouvoir adapter nos organisations, nos schémas, à la réalité de ces régions. C'est justement parce que nous accepterons la diversité d'organisation que notre pays restera uni. C'est l'uniformité obligatoire, rigide, administrée du haut, qui fait perdre l'unité d'un pays. Dernier point, si vous me le permettez, la représentation des intercommunalités. Je me suis opposé à l’élection au suffrage universel des intercommunalités. Je m’y suis opposé, j’y ai toujours été opposé pour une raison simple, c'est qu'on organise alors le choc de deux légitimités, la légitimité communale et la légitimité intercommunale. Et comment tranchez-vous le choc de ces deux légitimités ? Et je trouve que le système qui vous est proposé, de fléchage sur la liste des premiers conseillers pour les envoyer à l'intercommunalité, est une avancée démocratique. Je ne voulais pas, j’ai clairement dit non à ceux qui me demandaient l’organisation de l’élection au suffrage universel de l’intercommunalité qui signifiait à terme la mort des communes. On aurait tué les communes certainement, et l'accueil du congrès des maires de France n'aurait pas été, me semble-t-il, à juste titre, apaisé. Il y aurait bien d'autres choses à dire. Un mot du financement. S'agissant de la taxe professionnelle, les chiffres 2010 sont à votre disposition. L'Etat a versé, a garanti 1,1 milliard de plus. J'entends bien les craintes, cher Jacques, pour l’avenir. On verra comment évolue la valeur ajoutée. Sur la proposition de Jean-Pierre RAFFARIN, nous avons fait un comité de suivi de ces questions. Gérard LARCHER, en tant que président du Sénat, y est très attentif. Surveillons. Ayons une clause de revoyure. Ayons un rendez-vous pour voir comment cela va évoluer. Mais franchement, avoir une recette assise sur la valeur ajoutée, en dynamisme, c'est bien meilleur qu'avoir une recette qui était pour partie assise sur la valeur des bâtiments ou sur la surface des bâtiments qui, par construction, n'est pas aussi dynamique que celle de la valeur
ajoutée. Alors, venons-en aux budgets et aux dotations parce que j'ai entendu votre président et un certain nombre d’entre vous dire « le gel, qu'est ce que cela peut amener ? » et allons au fond
du débat sur les finances locales, les uns et les autres. D'abord, soyons clairs entre nous : dans le
budget de cette année, l'Etat garantit aux collectivités locales 98 milliards d'euros. Ce n'est
pas une petite somme. J'entends bien ce que tu dis sur l'autonomie et je suis certain qu'on se fait
applaudir sur l’autonomie. J'attire quand même ton attention sur le fait qu'en Allemagne qui est
un pays, en termes de décentralisation, dont on a bien des leçons à tirer, c’est quasi
exclusivement des dotations de l’Etat. Il ne viendrait à personne l’idée de dire qu'ils sont
moins autonomes, parce qu’ils ont des dotations, dans un pays qui est parfaitement fédéral.
Pardon d'aller à contre-courant mais ne résumons pas la liberté des collectivités locales
à la seule autonomie fiscale, notamment pour les communes les plus pauvres, où si vous leur
donnez en principe l’autonomie, comme il n’y a pas la recette, qu'est-ce qu’ils en font, de
l'autonomie ? J'aimerais aussi que dans des congrès comme les nôtres, on réfléchisse lucidement à une situation de très grande disparité dans notre pays. 98 milliards d'euros l’année dernière, alors même que les recettes de l’Etat, tenez-vous bien, du fait de la crise, se sont effondrées de
20 %. J’ai eu des demandes de Bercy, pas des ministres, mais de l’administration. Que m'ont-ils
dit, en tant que Président de la République ? « Monsieur le Président, c’est très simple. Les
recettes fiscales de la France se sont effondrées de 20 %. Vous prenez les dotations des
collectivités locales et vous les baissez de 20 % selon le parallélisme des formes ». Non seulement nous ne l’avons pas fait, nous ne l’avons pas voulu, nous avons garanti les 98 milliards d'euros.
Eh bien, en 2010, ce montant sera de 99 milliards d'euros. Et nous devons nous expliquer sur les déficits. Je sais bien que vous pesez pour 20 % de l'ensemble, vous, les collectivités, de la dépense publique. L'Etat pèse pour 35 %. La Sécurité sociale pour 45 %. Mais, mesdames et messieurs, expliquez-moi comment on peut sortir la France de la maladie des déficits et de l’endettement en ne touchant qu’à 35 % de la dépense publique, celle de l'Etat ? Comment ? Comment peut-on fonctionner ? Si j'entends les élus, ils me disent : « Nos budgets sont équilibrés ». Bien sûr, c'est la loi. Si j'entends les syndicats, ils me disent : « Ne touchez pas à la Sécurité sociale, c'est la cohésion sociale ». OK. Restent les 35 % de l'Etat. Je dois dire, d’ailleurs, que les économies n'ont pas commencé avec nous. Depuis le début des années 1990, les gouvernements successifs essaient de faire des économies. Mais, mesdames et messieurs, c'est la France. Quand on calcule nos déficits et notre endettement, peu importe de savoir à qui la faute. Si on veut
réduire nos déficits, réduire notre endettement, il faut qu’on s’y mette tous. On ne peut pas
simplement avoir l'Etat d'un côté, les collectivités locales de l'autre, la Sécurité sociale à la troisième. C'est pour cela que je parlais, par ailleurs, des retraites. À partir de ce moment-là, il n'y a pas, d'un côté, le contribuable national, de l’autre, le contribuable local. C'est le même. D'un côté, la mauvaise dette, celle de l'Etat ; de l’autre, les bonnes dépenses, celles des collectivités.
Je suis d'accord avec toi, Jacques. Je pense qu'un niveau administratif, enfin, comptable, d'augmentation de la dépense n'a pas de sens. Mais pour cela, jouons le jeu. Je rends hommage à l'Association des maires de France, toutes tendances confondues, qui a
participé à la Conférence des déficits et je ne doute pas que les régions comme les départements vont venir aussi à la Conférence des déficits. Mais enfin, vous êtes tous des citoyens. Vous ne pouvez pas dire que le problème des déficits et de l'endettement ne vous concerne pas.
Tous, nous devons apprendre à vivre dans un monde où la ressource n’est plus infinie et où
l’utilisation de l’argent public doit sans cesse être repensée. C'est ce que vous faites dans vos
communes, naturellement. Et lorsque dans vos communes, vous essayez de serrer la vis et que vous voyez arriver les feuilles d'imposition locale, cela ne vous arrive pas de protester en vous disant : « Mais qu’est-ce qui se passe ? » ? Là aussi, c’est la compétitivité de la France.
J’ajoute un dernier point sur les péréquations. La péréquation, sur le principe, tout le monde
est pour. Là où cela conteste, c'est ceux sur qui on prélève. Depuis 2004 la dotation de solidarité rurale et la dotation de solidarité urbaine, tenez-vous bien, ont doublé. Elles ont doublé, ces dotations, vous pouvez vérifier les chiffres ! Ce sont les instruments de la péréquation. Elles ont doublé et elles vont progresser en 2011. Elles progresseront de 50 millions pour la dotation de
solidarité rurale, à 802 millions, et elles progresseront de 77 millions pour la dotation de solidarité urbaine, à 1,2 milliard. Et on va, par ailleurs, pour le bloc communal, communes et intercommunalité, faire que 2 % des recettes fiscales de l’ensemble du bloc communal aille à la péréquation, Jacques, c'est à- dire 1 milliard d'euros de plus. Quelle est la seule limite ? La limite, c’est : on ne doit pas tuer les plus dynamiques non plus. C'est quand même un sujet. Evidemment, tout le monde n'a pas la Méditerranée et le soleil. Tout le monde n'a pas
la capitale et ce que cela peut représenter en attractivité, mais il y en a parmi vous, des hommes et des femmes de toutes tendances confondues, qui se sont battus pour développer leur territoire, et ce n'était pas écrit qu’ils arrivent à les développer. Et je comprends la réaction de
ces équipes qui se disent : « on a travaillé dur. On a créé du potentiel fiscal. On a créé de la
richesse industrielle. Et maintenant vous venez nous dire qu'il faut presque s’en excuser parce
qu’à côté, il y a des gens qui n'ont pas fait les mêmes efforts ». Donc là aussi, il va falloir être
extrêmement transparent et extrêmement honnête. Deux choses encore : Les normes. Je vous dis une chose, devant votre congrès : il n’y aura plus une seule norme proposée au vote de l'Assemblée nationale ou du Sénat. Je m'y opposerai quelles que soient les raisons. Pourquoi ? Parce qu’à force d'accumuler les normes, plus personne n'y comprend rien. Mais je vais faire une deuxième proposition, concernant le stock de normes qui existe : on va faire un groupe de travail Etat / collectivités territoriales –pas simplement les maires, également départements et régions – et on va fixer un programme pour supprimer un certain nombre de normes. Je ne suis pas sûr que l'accessibilité soit la première norme sur laquelle il faut revenir. Pourquoi ? Parce que nos compatriotes qui souffrent d'un handicap ont été abandonnés pendant bien longtemps et devaient se débrouiller tout seuls. Mais dans bien d'autres domaines – je pense à l’urbanisme, je pense au logement, je pense, permettez-moi de vous le dire, aux crèches, où on applique les mêmes règles invraisemblables en coeur de ville où le terrain est rare et en plein coeur de la ruralité où il y a autant de terrain qu’on souhaite. Le droit de l'urbanisme, personne n'y
comprend plus rien. Le droit du logement... Mais je propose également qu’on aille un peu plus
loin, je le dis devant les responsables parlementaires, c'est que nous commencions l'année prochaine à délégiférer dans un certain nombre de domaines et je serais très à l’écoute de
l'Association des maires de France pour voir par où commencer. Moi, j’ai proposé l’urbanisme. C’est à débattre. Mais je trouve incroyable qu'aujourd'hui un maire soit encouragé à construire laid, mais légal, à ne prendre aucune responsabilité mais à respecter la règle plutôt qu'à essayer de faire quelque chose de beau et d’adapté à la situation de sa commune en prenant parfois quelque liberté avec l'interprétation d'une règle qui n'a plus rien à voir avec ce qu’est la
réalité du terrain. On ne peut pas continuer comme cela. Dernier point, le sujet des valeurs locatives. Il y a dans la salle Michel CHARASSE, que je salue. C'est le premier qui a tenté de faire évoluer les valeurs locatives. Les valeurs locatives, disons les choses comme elles sont, c'est une possibilité de recettes considérables pour les collectivités territoriales. Mais oui. Il y a trois paramètres à la multiplication. Il y a les taux, il y a l'indexation et il y a la valeur locative.
Mais enfin, disons aussi les choses comme elles sont. Les valeurs locatives, pourquoi ce n'est
pas simple ? Parce que cela posera le problème notamment du logement social. Donc nous
allons avec le ministre du Budget dès l'année prochaine commencer l’expérimentation de
l’actualisation des valeurs locatives en prenant un certain nombre de départements, de villes et
de régions tests. Parlons-en mais le rendez-vous est incontournable. Il faut commencer dès
l'année prochaine. Je terminerai en parlant de trois autres sujets très rapidement pour ne pas lasser votre patience. Le premier sujet, c’est la dépendance. Qu'est-ce qui menace le plus certains départements aujourd'hui ? C'est le vieillissement de la population et l'incapacité
dans laquelle se trouveront ces départements de financer l'explosion de l'allocation personnalisée d'autonomie. J'ai été effrayé moi-même en voyant les chiffres. Il y a 1,1 million de personnes dépendantes. 250 000 de nos compatriotes sont atteints de la maladie d’ Alzheimer chaque année. Dont certains dès 50 ans. L'APA ne peut plus suffire à financer, et une quinzaine de départements sont dans une situation d’étranglement pour une raison que chacun comprend, c’est que leur population augmente de personnes âgées qui y prennent leur retraite pour la douceur de vivre, et que certains de ces départements n'ont pas un potentiel fiscal capable d'assumer cette augmentation de population, qui est une bonne nouvelle, mais de population âgée qui a besoin de services de santé, qui a besoin de maisons médicalisées, qui a besoin de personnel à domicile. Donc si l'Etat ne conduit pas avec vous la réforme de la dépendance dans l'année 2011, il y aura une véritable explosion de vos ressources locales. Le vrai risque, cher Jacques, mesdames et messieurs, le vrai risque est dans le défi du financement de la situation des personnes dépendantes. Cela va être très compliqué, très difficile. Nous allons organiser dès le début de l'année un vaste débat sur le sujet mais j'entends que les décisions soient prises dans le PLFSS 2012, voté à l'automne 2011, pour qu'il y ait une réponse à cette question angoissante.
Quel que soit l'amour des enfants pour leurs parents, personne n’a un appartement pour recevoir des parents dépendants. Et les femmes travaillent, c'est une évolution inéluctable et excellente. Et qui va faire la toilette de la personne âgée qui n'est pas indépendante ? Qui va s’en occuper ? Et comprenez que pour moi, l'affaire des retraites comme l'affaire de la dépendance, ce sont des enjeux absolument nationaux qu'il faut affronter. Nous avons également l'enjeu de la santé, c'est le deuxième sujet. Je ne comprends pas ce qui se passe. Il n'y a jamais eu autant de médecins dans notre pays : 210 000. Et en même temps, des régions entières ont une démographie médicale désertifiée, alors que certains quartiers de nos villes ont une hypertrophie de la représentation médicale. J'ajoute qu’en matière de spécialités, tout le monde choisit celles dans lesquelles il n'y a pas de garde et nous n’avons plus de médecin anesthésiste, plus
d’obstétriciens, et nous avons beaucoup de difficultés à trouver un certain nombre de spécialités.
Là encore, l'Etat doit vous aider à installer durablement des professionnels de la santé. Nous
allons complètement repenser le statut des médecins, repenser leur rémunération. La
rémunération à l’acte doit rester la base mais elle n’est pas suffisante. A eux aussi, il faut libérer du temps pour des actes médicaux et non pas pour remplir quantité de formulaires qui, par ailleurs, ne servent à rien. Je crois également qu'il faut aller plus loin dans le financement des études des jeunes internes qui s'engageront en contrepartie à s'implanter dans des régions ou des départements où il n'y a pas de médecins. Sinon, on ne va pas pouvoir s’en sortir. Je termine en parlant d’un sujet qu'a évoqué Jacques PELISSARD, qui est le problème de la sécurité.
C'est un sujet qui touche toutes les sociétés modernes. Une violence de plus en plus
barbare, sans limite, sans règle, sans remords. Toutes les sociétés sont touchées par cela.
C'est en Allemagne, où un individu fait feu sur sa classe. Chez nous, on va tuer, à Marseille, un
jeune dans la guerre de clans pour le trafic de drogue. L'Etat, bien sûr, doit faire son devoir, Jacques, et s'agissant de la police judiciaire, de la répression, de la fermeté, nous répondrons
présents. Tu appelles à ce que, Etat et collectivités locales, nous travaillions ensemble main dans la main. Tu as parfaitement raison. Il existe la loi de 2007 sur la prévention de la délinquance,
dont il faut bien dire qu'elle est très peu appliquée. À nous de nous saisir de ce sujet et j'aurai
l'occasion, à la suite de ce congrès, de recevoir un certain nombre de maires toutes tendances
confondues, qui ont dit des choses, me semble t- il, très raisonnables dans toutes les formations
politiques, pour voir avec eux comment on peut travailler de manière à faire progresser les
choses et de façon à ce qu'on apporte des résultats à nos compatriotes. Mesdames et Messieurs,
J'aurais pu parler de bien d'autres sujets. Je ne veux pas lasser votre patience, mais je voudrais
terminer en disant quelque chose de plus personnel encore. Pour moi, c'est toujours passionnant et un moment heureux que de débattre avec des femmes et des hommes qui sont engagés,
fussent-ils engagés dans des formations politiques ou dans des familles politiques qui ne sont pas les miennes et qui me combattent. Pourquoi est-ce un plaisir ? Parce que toute ma vie, je me suis engagé. Je connais l'engagement. Je pense qu'un pays n’est grand et ne s'en sort que quand une partie des concitoyens de ce pays s’engage. C'est tellement facile de faire dans l'amertume, assis sur sa chaise, et de regarder les autres se débattre. Que ce soit l'engagement syndical, l’engagement associatif ou l’engagement politique, il est utile à notre pays. Et je n'aime pas
beaucoup l'évolution des choses qui fait que c'est toujours ceux qui s’engagent le plus qui sont le plus dénoncés, le plus attaqués, le moins respectés. Bertrand DELANOE disait tout à l'heure : « Il faut se respecter ». Oh oui, combien il a raison. Mais je veux dire à tous ceux qui nous regardent, y compris au système médiatique, respectez donc ceux qui ont eu le courage de se présenter devant le suffrage universel. Respectez-les aussi. Je dis à la classe politique dans son ensemble : donnons l'image de gens respectables qui s’écoutent, qui dialoguent et qui tirent le débat vers le haut. Je suis inquiet parfois. Il y a suffisamment de sujets qui permettraient de nous opposer au service de notre pays en tirant tout le monde vers le haut. Il y a suffisamment d'enjeux complexes où il n'y a pas de prêt-à-porter, prêt-à-penser idéologique, qui mériteraient des débats de haut niveau. Ce n'est pas la peine qu'on se prête les uns ou les autres à des émissions ou des polémiques qui tirent tout vers le bas, qui avilissent tout, qui ne respectent rien et qui conduisent finalement à donner une piètre image d’une démocratie qui a besoin de femmes et d’hommes comme vous.
Je vous remercie.

Congrès national des Maires de France





Le 93ème Congrès de l'AMF a eu lieu du 23 au 25 novembre 2010,

J'y étais et voici les principaux discours

LE THÈME: QUEL ROLE ET QUELS MOYENS
POUR LES COMMUNES ET LEURS INTERCOMMUNALITÉS ?

Mardi 23 novembre

Séance solennelle d’ouverture

Intervention de Monsieur Jacques PELISSARD, président de l’AMF
Mes premiers mots, Monsieur le Président de la
République, seront pour vous remercier
d'honorer notre Congrès de votre présence
malgré un agenda national et international très
chargé.
Nous y voyons le témoignage de la
considération que vous portez à notre fonction
et au rôle de proximité des maires.
Nous sommes également sensibles à votre
démarche d’écoute des maires qui oeuvrent,
dans chacune de nos communes, pour une
administration harmonieuse et solidaire de nos
territoires.
Merci, Monsieur le maire de Paris, cher Bertrand
DELANOE, pour votre accueil toujours si amical
et chaleureux dans notre capitale.
Merci également au président du Sénat, toujours
attentif aux collectivités territoriales, au nouveau
président du Conseil économique, social et
environnemental, Jean-Paul DELEVOYE, qui
retrouve le chemin du Congrès, chemin qu’il
n’avait d’ailleurs jamais perdu ; merci au viceprésident
de l’Assemblée nationale, Marc
LAFFINEUR.
Je remercie les membres du gouvernement qui
sont présents cette après-midi. Il est certains
ministères, évidemment, avec lesquels nous
travaillons plus fréquemment mais tous, ou
presque, vous êtes concernés par les politiques
locales menées par nos communes et leurs
groupements.
Bienvenue également aux délégations
étrangères qui assistent à nos travaux,
notamment dans le cadre du cinquantième
anniversaire des indépendances africaines.
Bienvenue, enfin, mes chers collègues de
métropole et d'Outre-mer, à ce 93ème Congrès
des maires et présidents de communautés de
France.
Ce Congrès est votre congrès, c’est celui de l’AMF.
L'AMF est l’institution républicaine qui représente
les communes et intercommunalités de notre pays
quelles que soient leur taille, leur situation
géographique, dans le respect des sensibilités de
chacun. Ce pluralisme est le ciment de notre unité,
et je souhaite que le dialogue républicain, dont,
avec le Bureau, nous sommes les garants soit
chaque jour le principe de travail de l’AMF.
Nous sommes des partenaires loyaux mais
exigeants des pouvoirs publics et nous savons
exprimer, parfois fermement, les attentes des
maires qui sont aussi celles de leurs administrés.
Les maires sont au coeur de la plupart des
politiques publiques de notre pays. Mais, pour ne
pas être trop long, je voudrais, Monsieur le
Président de la République, me contenter d’appeler
votre attention sur certains dossiers majeurs pour
nos communes.
Tout au long de cette année, qui a été riche en
réformes, en textes législatifs, l'Association des
maires de France s'est efforcée d'analyser avec
objectivité les projets de loi.
Forts de notre expérience sur nos différents
territoires, nous avons fait des propositions
concrètes, en parlant simple.
En premier lieu, cela a été particulièrement vrai
s’agissant du PROJET DE REFORME
TERRITORIALE.
Nous avons réussi tout au long du débat
parlementaire à faire évoluer très fortement le texte
initial du gouvernement. Nous avons ainsi obtenu
des avancées très importantes et je voudrais à ce
propos saluer mes collègues, députés ou
sénateurs, qui ont soutenu nos amendements
jusqu’au bout, parfois contre l’avis du
gouvernement.
Je voudrais aussi souligner la parfaite
collaboration qui s'est instaurée dès le début
avec la plupart de nos partenaires des autres
associations d'élus locaux.
Ensemble, nous avons défendu l'idée,
essentielle, que la coopération intercommunale
devait rester un outil au service des communes
et relever de la libre volonté des élus.
C'est ainsi que l'AMF s'est battue pour que le
nécessaire renforcement de l'intercommunalité
se fasse dans le respect de l'identité
communale.
4 exemples peuvent illustrer cet objectif et les
avancées que nous avons obtenues :
- la fixation des règles de représentation des
communes dans les intercommunalités, qui
conjuguent souplesse et accords locaux,
- l'avancement de la date d'achèvement de la
carte intercommunale, qui a été avancée du 31
décembre au 1er juin 2013 évitant ainsi tout
télescopage avec la préparation des élections
municipales de mars 2014.
- nous avons réussi à préserver le caractère
facultatif du transfert du pouvoir de police du
maire, en particulier de la police de la circulation
et du stationnement
- ou enfin le maintien des majorités actuelles
pour le transfert de compétences des
communes vers les communautés.
J’ai personnellement combattu, et cela n'a pas
toujours été facile, jusqu'à la deuxième lecture à
l'Assemblée nationale pour obtenir :
- que la taxe sur le foncier bâti ne soit pas
automatiquement transférée aux métropoles
- que le versement de la DGF à
l’intercommunalité, appelé de façon
technocratique « la territorialisation de la DGF »,
soit soumis à l'accord unanime des communes.
Enfin, il restait à éviter que l'intégration forcée
d'une commune dans une commune nouvelle
puisse se faire sans l'accord de ses élus ou de
sa population. Nous avons porté notre
conviction avec beaucoup d’appuis, et obtenu
gain de cause devant la commission mixte
paritaire.
Sous réserve de la décision du Conseil
constitutionnel, le texte de loi maintient la
possibilité de financements croisés en
provenance des départements et des régions :
- pour les communes de moins de 3 500 habitants
et les communautés de moins de 50 000,
- pour toutes les autres, le cumul restera possible,
même après le 1er janvier 2015, dans les domaines
de la culture, du sport et du tourisme.
En outre, le cumul de subventions restera possible
si les départements et la région adoptent un
schéma de répartition des compétences.
Le texte final, pour le bloc local (communes –
intercommunalité) est équilibré, les communes en
sortent aujourd'hui confortées, l’intercommunalité
renforcée, la mutualisation de leurs services
organisée.
Je crois que l’AMF a bien assumé son rôle.
Loin d'une opposition frontale stérile, nous avons
opté pour une démarche positive qui nous a permis
d’obtenir satisfaction sur la quasi-totalité de nos
propositions.
Le gouvernement a su, Monsieur le Président,
grâce au débat parlementaire, prendre la mesure
de nos attentes et manifester une compréhension
constructive ; qu’il en soit remercié.
Le deuxième dossier, c’est LA LOI DE FINANCES,
qui provoque inquiétude et attentes.
L’année qui vient s'annonce difficile pour nos
collectivités. Nous nous sommes battus avant et
après le Congrès 2009, dans le cadre de la réforme
de la taxe professionnelle, pour que le bloc local
perçoive une part importante de la cotisation sur la
valeur ajoutée.
Nous avions 0 euros dans le texte initial, nous
avons obtenu 26,5 % de la cotisation sur la valeur
ajoutée et la totalité de la TH !
Comme il s’y était engagé, l’Etat a compensé nos
recettes de TP en 2010 ; il n’en reste pas moins
que l’absence de visibilité sur l’évolution de nos
ressources fiscales dans les années à venir
constitue un facteur majeur d’inquiétude, en
particulier dans les territoires industriels.
A cela s’ajoute le gel en euros courants des
dotations de l’Etat, avec les conséquences qu’il
risque de provoquer en matière d’investissements
et de services publics.
Certes, nous sommes des élus responsables et
nous avons bien conscience que l'ampleur du
déficit public rend nécessaire la maîtrise de la
dépense publique. Mais en raison de l'imbrication
des relations financières entre l'Etat et les
collectivités, nous souhaitons un pilotage
d'ensemble.
Dans ce contexte financier particulièrement
tendu, il est évident que toute contrainte
financière liée à la mise en place de nouvelles
normes serait difficilement soutenable.
Nous avons pris bonne note de la circulaire du
Premier ministre de Juillet 2010 instituant un
moratoire sur l'adoption de normes nouvelles
concernant nos collectivités et nous nous en
réjouissons.
Il reste à traiter les normes existantes : 400 000
normes de toutes sortes, en tous domaines.
Nous souhaitons que la Commission
consultative d'évaluation (la CCEN) dont nous
avons obtenu l’installation en 2008 puisse s’en
saisir sans tarder.
Nous demandons dès à présent :
- plus de souplesse et de progressivité pour
l’application des normes, par exemple celles
relatives à l'accessibilité.
Nous ne remettons pas en cause leur bienfondé,
mais elles imposent des efforts financiers
souvent insupportables pour les communes s'il
n'y a pas d'aide de l'Etat ou une adaptation aux
réalités du terrain.
- plus de souplesse aussi pour décliner les
normes découlant du Grenelle de
l'Environnement et surtout pour cantonner les
exigences souvent excessives des fédérations
sportives
Deux autres chantiers Importants s'ouvrent
également devant nous dans l'année qui vient,
chantiers dans lesquels l'AMF entend prendre
toute sa part :
Dans la loi de finances 2011, la péréquation
verticale opérée par l’Etat augmente comme
nous le souhaitions de 6,2% pour les dotations
de solidarité urbaine et rurale.
Mais la péréquation entre collectivités de même
échelon, c’est à dire la péréquation horizontale,
a toujours été embryonnaire jusqu’à présent ; la
réforme fiscale de la TP avec ses nouvelles
assiettes la rend aujourd’hui indispensable.
Et le projet de loi de finances pour 2011 prévoit
ce que nous demandions :
- des objectifs chiffrés de péréquation,
- le principe d'un fonds national de péréquation
des recettes fiscales.
Le débat se poursuivra en 2011 pour donner
corps à de nouveaux mécanismes, qui
prendront effet dès 2012. Nous demandons
instamment, Monsieur le Président, la
participation des maires à la réflexion sur les
modalités d'organisation, d'alimentation et de
répartition de ce fonds.
L'autre chantier, tout aussi fondamental, porte sur
la révision des valeurs locatives. Il y a une attente
très forte des élus sur ce dossier, enfin remis à
l'ordre du jour, d’abord pour les locaux
commerciaux, alors qu’il sommeillait depuis 20
ans ! Il constitue un élément incontournable de la
refonte de la fiscalité locale.
Le troisième dossier porte sur L’AVENIR DU
MONDE RURAL,
Me tournant vers vous, les élus du monde rural, je
vous rappellerais que l’AMF s'est fortement
mobilisée pour contribuer de façon très concrète
aux Assises des territoires ruraux. Nous avons
affirmé plusieurs principes qui nous paraissaient
essentiels pour le devenir de ces territoires :
- aménagement numérique et donc accès au haut
et très haut débit,
- mise en place d'une péréquation plus efficace
pour les territoires ruraux les plus fragiles,
- maintien du maillage de services de qualité,
indispensables à la vie quotidienne des habitants.
Dans sa contribution, l'AMF soulignait que la
dévitalisation des territoires ruraux n'était pas une
fatalité.
Nous attendions, à la suite de ces Assises, un plan
ambitieux.
Les décisions qui ont suivi étaient intéressantes,
mais leur mise en oeuvre a été relativement lente,
et nous laisse sur notre faim ; je vous donne,
Monsieur le Président, deux exemples :
- L'accès au haut et très haut débit était la 1ère
priorité. C'est une condition indispensable pour
garantir et améliorer l’attractivité de nos territoires
ruraux. La création d'un fonds d'aménagement
numérique a été une très bonne initiative car de tels
équipements structurants ne pourront être
implantés en milieu rural qu’avec un instrument de
solidarité nationale.
Ce fonds va nous permettre d'amorcer les premiers
investissements mais encore faut-il qu’il soit
suffisamment alimenté ! En effet, le chantier est
considérable, il va se dérouler sur une longue
période. Il nécessite donc, impérativement, que
l'effort des collectivités soit accompagné par un
mécanisme financier lisible et durable.
- S’agissant des services publics, l'accord du 28
septembre dernier signé par l’Etat avec les grands
opérateurs de services publics va dans le bon
sens : il vise à expérimenter une offre
mutualisée des services ; toutefois,
curieusement, cet accord ne concerne pas
encore tous les services de l’Etat. Nous
souhaitons donc des engagements effectifs de
la part de l'Etat sur le maintien des services de
proximité et leur opposabilité à l’ensemble des
administrations.
Monsieur le Président de la République, mes
chers collègues, la dégradation de nos finances
publiques depuis 30 ans, sous tous les
Gouvernements, l’ampleur de la dette,
l’importance des déficits budgétaires, aggravées
par la crise ont rendu délicate la situation
financière de notre pays.
Nous ne sommes pas des demandeurs
maximalistes de dotations étatiques qui seraient
financées par le déficit budgétaire. Nous savons
que celui-ci, alourdissant la dette publique,
pèserait sur les générations qui nous suivent.
En revanche, le temps est à mon sens venu de
conforter des nouveaux rapports de
gouvernance et de confiance associant l’Etat
aux collectivités locales.
Nous avons positivement exploré cette voie
nouvelle s’agissant du bloc local avec, par
exemple, la réforme territoriale. Les positions
de l’AMF ont été entendues ; il nous faut aller
plus loin.
Ceci impose un changement généralisé
d’attitude de tous les gouvernants à l’égard des
collectivités locales.
Les maires ont été très marqués, Monsieur le
Président, par certains propos:
- Il nous a été reproché un endettement excessif
qui concourrait au déficit public alors que nous
respectons les règles d’équilibre budgétaire et
que notre endettement pour investissement ne
représente que 11% de celui de notre pays.
- Il a été proposé une norme impérative
d’évolution des dépenses locales alors qu’elle
me paraît contraire au principe constitutionnel
de libre administration.
- Il a même été imaginé des punitions et des
amendes pour une action prétendue insuffisante
de prévention de la délinquance alors que la
réponse aux actes de délinquance est collective
et doit s’exercer dans le cadre d’un partenariat
renforcé entre les, les maires, les forces de
l’ordre et la justice.
Nous avons dit notre profond désaccord.
Ces voix isolées se sont tues … N’en parlons plus.
En revanche, nous affirmons toujours notre
conviction :
L’Etat est le garant des solidarités nationales dans
l’espace et dans le temps, il porte des réformes
courageuses destinées à rendre notre Pays plus
compétitif mais il faut qu’il nous fasse confiance au
niveau local, qu’il nous laisse plus de souplesse et
de responsabilité.
Ces responsabilités, nous savons les assumer :
l’exemple du plan de relance montre que la
confiance partagée est source d’efficacité :
L’Etat a accéléré le remboursement du FCTVA
Les communes ont engagé en 2009 34 milliards de
travaux, autant qu’en 2007 ou 2008 alors que, nous
le savons tous, une année post-électorale est
traditionnellement modeste en investissement !
Parce que nous sommes les premiers investisseurs
publics et que nous assurons les services publics
essentiels à nos populations, il est indispensable
que nous soyons désormais associés aux décisions
impactant les finances de nos collectivités.
Cette concertation doit passer par une réelle
activation de la Conférence nationale des exécutifs
dans un cadre institutionnel renforcé et rénové
(avec par exemple un secrétariat permanent, un
ordre du jour partagé, un rythme de réunions
régulier…).
Cette conférence doit être un lieu de concertation et
non de déclamation réciproque, un lieu de dialogue
véritable en amont des politiques que le
Gouvernement et le Parlement décident et que les
collectivités appliquent.
Ainsi, au sein de cette instance, nous pourrions par
exemple dégager avec l’Etat et les autres niveaux
territoriaux les axes stratégiques d’investissement
utiles à nos concitoyens.
Monsieur le Président de la République, nous
comptons sur vous pour que soit modifié le regard
que porte l'Etat sur nos collectivités. Presque 30
ans après les lois de décentralisation, il est temps
de nous faire confiance, à nous qui contribuons
tous les jours avec passion à façonner la France de
demain !
VIVENT LES MAIRES DE FRANCE, VIVE LA
REPUBLIQUE, VIVE LA FRANCE !

Congrès national des Maires de France





Le 93ème Congrès de l'AMF a eu lieu du 23 au 25 novembre 2010,

J'y étais et voici les principaux discours

LE THÈME: QUEL ROLE ET QUELS MOYENS
POUR LES COMMUNES ET LEURS INTERCOMMUNALITÉS ?

Mardi 23 novembre

Séance solennelle d’ouverture

Intervention de Monsieur Bertrand DELANOE, maire de Paris

Monsieur le Président de la République,

Monsieur le Président du Sénat,

Mesdames et messieurs les ministres,

Monsieur le Président de l'Association des

maires de France, cher Jacques,

C'est donc la dixième année que j'ai l'honneur et

l'immense plaisir de vous accueillir et, à chaque

fois, il y a une excellente ambiance au congrès

des maires de France.

Toutes les années ne se ressemblent pas, mais

toutes les années, c'est bien la France qui est

réunie ici dans sa diversité.

Maires de communes rurales, de communes

urbaines, de petites, de grandes communes,

dans notre diversité, nous sommes tous

également légitimes et nous sommes tous

représentatifs des souffrances, des espérances

et de l'envie de nos concitoyens de trouver les

chemins pour vivre ensemble.

J’ai donc le plaisir, comme chaque année, de

vous souhaiter la plus chaleureuse des

bienvenues à Paris, et j'espère que pendant ces

trois jours, nous allons nous apprendre les uns

aux autres, nous épauler, et que nous serons

plus forts à l'issue de ce congrès pour faire vivre

la démocratie locale, pour faire surtout avancer

des solutions qu'attendent nos concitoyens,

celles et ceux qui nous élisent, que nous soyons

de droite ou de gauche.

J'ai l'impression que dans cette période

particulière, ils nous demandent du sens

collectif, de la vérité, des résultats et sans doute

aussi de la solidarité entre nous.

Pour ces quelques mots, finalement, j'ai envie

de vous dire les réflexions que je ramène d'un

autre congrès, des maires du monde où nous

étions plusieurs milliers, beaucoup de Français, de

droite comme de gauche, réunis à Mexico, pendant

quatre jours, représentant plus de trois milliards

d'êtres humains et où les maires des cinq

continents ont travaillé sur des sujets voisins des

thèmes du congrès d'aujourd'hui.

Et je voudrais faire référence à deux de ces

thèmes.

- D'abord, le rapport que nous avons adopté est

unanime, de droite et de gauche, Chinois, Français,

Américains. C'est un rapport très important sur

l'autonomie financière des collectivités locales.

Quelles que soient nos différences, maires,

responsables, désireux d'aboutir dans nos projets,

nous avons adopté des analyses et des

propositions convergentes sur l'autonomie

financière des collectivités locales.

- Deuxième sujet, qui nous a réunis, d'ailleurs, avec

une certaine force dimanche matin, là aussi maires

du monde entier, là aussi maires français, de droite

et de gauche – qui voulez-vous que je cite ?

Bordeaux, Grenoble, Nantes… Il y avait la droite et

la gauche – pour nous adresser respectueusement

mais de manière exigeante et constructive aux

chefs d'Etat dans la perspective du sommet de

Cancun.

Oui, nous les maires, nous avons une

responsabilité, une conviction et des propositions

par rapport à un enjeu qui nous paraît vital, le

réchauffement climatique, parce que dans nos

villes, déjà nos politiques de logements, de

déplacements, sont inspirées par les plans climat

que nous avons adoptés pour faire face à cette

menace bien réelle.

Ces maires du monde entier, qu'ont-ils dit ? Ils

ont dit leur regret de l'échec de Copenhague et

ils ont dit leur volonté d'apporter une contribution

à un succès, même relatif, de la réunion des

chefs d'Etat de Cancun dans six jours.

Et il y avait le maire de Los Angeles. Il y avait le

maire de Canton en Chine, en même temps que

tant et tant de maires d’Amérique latine et

d'Afrique, qui ont des choses extrêmement

fortes à nous dire en complémentarité de ce que

nous ressentons nous-mêmes dans la lutte

contre le réchauffement climatique.

Qu'avons-nous dit ? D'abord, nous avons fait

référence à une phrase que me disait Kofi

ANANN lorsque j'allais lui présenter cette

fameuse association que j'ai présidée pendant

dix ans. Il me disait : « Sur bien des sujets et, en

particulier, pour faire reculer la pauvreté, les

problèmes sont mondiaux et les solutions sont

locales ».

Nous disons donc, dans la perspective de ce

sommet majeur de Cancun, que nous voulons

tous ensemble prendre nos responsabilités pour

changer. Nous, représentants des collectivités

locales, nous demandons à prendre notre part.

Nous mettons sur la table les initiatives déjà

prises pour réduire notre consommation

énergétique.

Nous mettons sur la table nos responsabilités

déjà prises pour revoir nos politiques de

déplacement dans les villes.

Nous prenons nos responsabilités pour

diversifier nos sources d'énergie, faire appel à

l'énergie solaire, à la géothermie, à l'éolien.

Nous mettons sur la table nos réalisations et

nous disons aux chefs d'Etat, représentants de

la diversité de la démocratie locale, que nous

souhaitons être des partenaires, je le redis,

exigeants, volontaires mais constructifs.

Car nous souhaitons que ce sommet de Cancun

nous aide tous à évoluer positivement dans le

sens d'une conception de la ville, où réside plus

de la moitié de l'humanité, de manière à

apporter des solutions concrètes.

Chers amis, chers collègues,

Si, sur ces sujets et notamment le dernier que je

viens d'évoquer, nous avons une légitimité, nous ne

prétendons pas apporter toutes les solutions pour

résoudre les problèmes. Mais nous savons que les

acteurs de la vie locale et, en particulier, de la vie

communale sont incontournables pour apporter un

progrès à la vie de nos concitoyens.

Chers amis, tout cela est possible, si nous sommes

guidés par trois notions :

- D'abord, le respect : respecter nous-mêmes nos

interlocuteurs et leur demander de nous respecter.

- Ensuite, la confiance. Après tout, nous ne faisons

pas que du bien mais nous n'échouons pas dans

tous les domaines et je crois que quelles que soient

nos étiquettes politiques, nous avons une certaine

crédibilité auprès de nos concitoyens.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les

ministres, faites-nous un peu confiance, à nous, les

maires.

- Troisièmement, la solidarité. Je parlais il y a un

instant de la solidarité internationale. La solidarité

entre nous.

Je suis maire d'une ville qui a un certain nombre de

ressources et j'essaie à tous les moments de mon

mandat de pousser toujours plus loin la solidarité

financière.

Comme maire de Paris, je le dis d'abord pour la

métropole parisienne mais je le dis en sachant ce

que cela signifie, la solidarité financière, quand

c'est le maire de Paris qui réclame plus encore de

péréquation.

Mes chers collègues, mes chers amis, je souhaite à

notre congrès une belle réussite.

J'espère que jeudi nous dirons que le congrès de

l'Association des Maires de France en 2010 était

une formidable réussite.

Je suis sûr que ce congrès sera réussi s'il donne

plus de puissance encore à ces trois notions :

respect, confiance solidarité.

dimanche 14 novembre 2010

Terrain Multisports


Un "multi-sports" au Gué d'Alleré.
En effet, depuis quelques années, la population est en constante augmentation. Aujourd'hui avec plus de 25 permis de construire en cours, le nombre d'habitants devrait très rapidement dépasser les 800, face à l'arrivée de cette nouvelle population, il nous faut offrir des lieux où les jeunes pourront se rencontrer et bouger.

j'ai eu l'occasion de découvrir en 2009 une structure sportive originale dite "multi-sports" où les jeunes et moins jeunes, seuls ou en famille peuvent se retrouver pour pratiquer différentes activités sportives. Ce "complexe" sportif donne la possibilité de pratiquer en un même lieu le football, le basket, le handball, le badminton, le volley ou encore le tennis. A cela une piste "d’athlétisme"et/ou de roller à 2 couloirs serait aménagée tout autour, un circuit VTT ainsi qu'une aire de jeux pour plus petits compléterons l'ensemble.

Pour rendre ce projet réalisable et trouver l'équilibre budgétaire, nous n'avions d'autre choix que de participer à différents travaux dont le traçage et les terrassement.
Samedi matin 12 novembre avec l'aide de quelques conseillers municipaux volontaires , nous avons travaillé sur l'implantation de ce "multi-sports", le choix du site d'implantation s'est fait tout naturellement, en lieu et place du stade de foot, aujourd'hui délaissé.
Attention!la photo ci-contre est un exemple de terrain Multi-sports

vendredi 12 novembre 2010

Décision sur l'avenir du Sivos

le mardi 8 novembre 2010, le Conseil Municipal du Gué d'Alleré a décidé à la majorité des voix exprimées, de provoquer une réunion avec les 4 Maires et délégués élus des 4 communes du RPI afin d'échanger sur les modalités d'une éventuelle dissolution du SIVOS.

Il faut dire que cette décision rejoint celle déjà prise le 14 octobre dernier par la commune de Ferrières d'Aunis et ces décisions font suite à de nombreuses discussions au sein du SIVOS depuis 2 ans déjà.

Mr Marais notre comptable public nous avait alerté lors de l'élaboration de notre budget 2010, sur les sommes importantes engagées par notre commune pour financer cette structure, c'est notamment la répartition des charges qui n'est plus équitable et même fortement disproportionnée et l'étude montre que cela s'accentuera encore au fil des années.

Après une étude approfondie simulant la gestion en autonomie de notre école, il s'avère que des économies conséquentes seraient faites, de plus de 35 000 euros dès la 1ère année.Il ne s'agit pas bien entendu de fermer la porte aux communes voisines qui pourraient avoir des besoins pour scolariser des enfants, il serait tout à fait envisageable d'accepter de scolariser des élèves extérieurs sous conventions particulières d'accueil, l'entente entre les communes étant au cœur de nos préoccupations.

l'évolution des écoles d'un point de vue éducatif, voir l'article sur ce blog:"Quelques références qui guident nos choix pour l'avenir de notre SIVOS"

Quelques références qui guident nos choix pour l'avenir de notre SIVOS

" L'hétérogénéité des classes n'est pas un handicap à éviter mais une richesse qu'il convient d'exploiter. "

Circulaire de rentrée 1999 - B. O. N°1 - 7 janvier 1999

" Contrairement aux idées reçues, une enquête menée par 2 inspecteurs de l'éducation nationale ( A. Mingat et C. Ogier) a montré que les classes uniques semblaient "plus favorables aux acquisitions scolaires que les classes à un seul cours", car elles permettaient un suivi plus individualisé des élèves, tout en développant leur autonomie."

La Croix - Vendredi 4 septembre 1998

"La classe qui n'a qu'un seul cours obtient des résultats un peu moins bons que la classe à deux cours et dans la classe à deux niveaux les performances des élèves sont nettement moins bonnes que dans la classe à trois cours." "Il est évident que la classe homogène (par exemple, 25 élèves du même âge) paraît plus facile à gérer que la classe à plusieurs cours. Pour autant, la structure dite homogène ne devrait constituer ni un modèle, ni un exemple. D'abord, il n'existe pas de classe vraiment homogène et le maître devrait diversifier sa pratique selon les groupes d'élèves.
Par ailleurs, les classes à plusieurs cours facilitent la continuité des apprentissages. Ces résultats vont à l'encontre de bien des discours, que ce soit ceux des enseignants ou ceux des parents des élèves des villes. Ils vont même à l'encontre des instructions qui ont été données aux inspecteurs d'académie au milieu des années soixante . Il faut dire que l'on ne disposait pas à l'époque, des moyens qui existent aujourd'hui pour mesurer l'efficacité de telle ou telle structure. Il faut y ajouter que l'écart entre les performances des élèves à un cours et celle des classes à trois cours est loin d'être négligeable !"

Rapport de l'inspection générale du 15 mai 1993

samedi 27 mars 2010

Modification des horaires Poste et Mairie à Le Gué d'Alleré

Comme de nombreux Allériens nous en ont fait la remarque, l'ouverture de l'agence Postale Communale, l'après-midi alors que la levée du courrier est effectuée en fin de matinée fait perdre une journée d'acheminement à tous les envois.
Dans le but d'apporter un service maximum aux administrés, le conseil municipal a décidé lors de la réunion du 2 mars dernier de modifier ces horaires d'ouverture à compter du 6 avril 2010 de 8h45 à 12h15 du lundi au vendredi.
Pour plus de commodités, le secrétariat de mairie suivra également ce nouvel horaire.

Nouveau percepteur à Courçon

La commission des finances du Gué d'Alleré à fait connaissance avec notre nouveau Percepteur Mr Marais, rappelons que c'est le comptable contrôleur des comptes de la commune et parmi les constats qu'il a pu faire sur notre budget communal,il nous conseille aujourd'hui de réfléchir au fonctionnement de notre SIVOS qui représente un coût ratio exorbitant, en effet la situation d'il y a + de 10 ans où le regroupement des 4 communes était intéressant, il paraît aujourd'hui inadapté et surtout moins facile à gérer, de plus on constate un problème de réactivité dans la gestion de crise.
les conseillers présents ont apprécié l'idée qui consiste à réfléchir aux modalités d'évolution de cette structure,cette nouvelle donne sera donc discutée et sera à l'ordre du jour d'un prochain conseil d'avril.
Pour information sur la participation du Gué d'Alleré, pour couvrir l'augmentation de notre part du budget SIVOS 2010,il nous faudrait augmenter les impôts des 3 taxes FB,FNB et TH de environ 14% c'est à dire du jamais vu, ce ne sera bien entendu pas le cas, mais il faudra donc réduire la voilure en matière d'investissements.
Rappelons aussi que c'est maintenant 3 bus qu'il faut pour transporter tous nos enfants, est ce raisonnable ?
Rappelons encore que à la prochaine rentrée scolaire, il y aura l'ouverture de 2 classes supplémentaires, la notification de l'inspection académique est maintenant officielle.
PS: lors de la dernière réunion de SIVOS j'avais évoqué cette idée que seule la commune de Ferrières avait approuvée et cela avait créé une indignation pour les autres.
Nous y sommes donc maintenant !!

mardi 23 mars 2010

Résultats des régionales au Gué d'Alleré

En cliquant ici vous pourrez découvrir les résultats du vote à Le Gué d'Alleré détaillés, pour les régionales 2010.En bas de page il est possible de voir ceux de 2004 cela donne une idée des changements à 6 années d'intervalle.

lundi 15 mars 2010

Conseil syndical extraordinaire du SIVOS le Gué d'Alleré, Ferrières, Benon, Anais, du 15 mars 2010.

Voilà un bref compte rendu suite à la réunion extraordinaire du 12 mars dernier, le Sivos après avoir étudié et fait lecture, rejette la pétition.
En effet la plupart des accusations se sont révélés fausses notamment celles ou il est mentionné que monsieur Sarrazin frapperait les enfants et les insulterait.
Les membres du Sivos,
ont décidé que monsieur Sarrazin continuerait de surveiller la cantine de Ferrières,
ont décidé de convoquer très rapidement la Commission Restauration Scolaire afin de travailler sur la modification du règlement intérieur et de clarifier par écrit les modalités d’accueil des enfants à la cantine et les règles que les enfants devront respecter,
ont décidé également de procéder à l’embauche d’une personne supplémentaire afin d’assurer la surveillance et une partie du service de la cantine de Ferrières en remplacement de monsieur Sarrazin qui effectue cette tâche bénévolement.